Florent Vollant
Chanteur Innu
Que pense les Innus d’André Michel ?
C'est au début des années 1970 qu' André Michel a commencé à séjourner avec les Innus de la Côte-Nord. Il sculptait, dessinait, peignait, et surtout observait. J'ai pensé à ce moment-là qu'il prenait la place d'un des nôtres, son œuvre aurait dû être celle d'un Innu. Pour moi, c'était encore un blanc qui venait exploiter et exporter notre richesse culturelle.
J'ai changé d'avis depuis ce temps. Lorsque je regarde ses peintures, je « nous » reconnais de façon vivante et vibrante. Il fallait quelqu'un d'autre pour nous observer ainsi car on ne peut pas être son propre miroir. Ce petit garçon-là, assis sur un ski-doo en plein été, je l'ai vu cent fois mais ne l'ai jamais remarqué tant il m'est familier.
Ceux de ma génération sont comme moi, oursons nés en cage de mère devenue captive, première portée à naître sur la « réserve » avec comme seul héritage notre instinct et la parole transmise des anciens.
André Michel a su saisir notre état d'âme. Ses peintures sont une dénonciation, un cri du cœur, l'écho du désarroi des oursons de l'an 2 000.
C'est une réalité qu'il faut oser montrer. J'encourage sa façon de questionner l'Homme dans sa relation avec la terre. Je lui suis reconnaissant de valoriser à travers son œuvre la culture Innu et de la libérer ainsi des cages que sont les réserves de la Côte-Nord, du Québec et de l'Amérique.
Tashineskuamitin André
Florent Vollant