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« Le peintre de l'engagement. »

Marguerite Blais

Animatrice et député

Je ressens une pudeur, comme une gêne. Peut-être un complexe...Les mots nous dévoilent et parfois s'entremêlent, comme nos pensées, pour ne pas dire, s'entrechoquent. Choisir le bon vocable pour se représenter un sentiment m'est difficile. Décrire l'amitié et l'admiration que j'éprouve, tant pour l'homme que pour l'artiste, me pousse à me redéfinir et à puiser à la source même de mes racines. Comment réussir à mettre en relief par des mots, le talent et la douce folie qui s'emparent de lui et accaparent ce poète de l'ethnologie picturale?

Touchée, en plein cœur, dès le premier coup d'œil par ses œuvres amérindiennes, ces autochtones au regard profond et sans équivoque dans leurs singulières attitudes sont le reflet de me grand-mère Marguerite que je n'ai connue qu'en photo.

Touchée je le suis toujours. Et je ne sais trop comment expliquer la transmutation de ces émotions jusqu'alors enfouies au creux de mon subconscient. J'avais découvert un artiste qui, par la force de son cœur et de ses pinceaux, me baladait au centre de mes mémoires héréditaires, et l'admiration, tout comme l'amitié, se sont installés.

Beaucoup plus tard, dans son atelier, j'ai regardé en rafale ses fleurs, me questionnant sur les motifs qui avaient poussé l'artiste à délaisser la palette des humains pour celle de la floriculture. Comment arrivait-il à les aimer avec autant de fougue? C'est en observant le cadre dans lequel était peinte chaque fleur, que j'ai saisi la nature, à la fois ordonnée et vagabonde, de cet être hybride.

À la lumière de la vie, elles prennent racine en avant-scène, en avant plan, bien définies, parfois arrogantes, quelquefois discrètes, à la fois audacieuses, sensuelles et même sauvages, à l'image de la Provence et à celle du Québec. Au-delà du cadrage, de la fenêtre, s'envolent la pensée et la liberté, le temps des grands espaces, le temps qu'il nous reste pour l'infini. Les natures mortes sont par essence des natures vivaces et derrière les fleurs se cache le langage. Au Moyen-Âge, chaque branche d'un bouquet évoquait un symbole, un signe, un message. Les siennes nous parlent de ses amours et de sa muse qui, batifolant dans son splendide jardin aux odeurs de lavande, l'été au Mont-Saint-Hilaire, parée de son chapeau de paille et de ses jupes provençales, a sans aucun doute influencé, par sa passion des fleurs et son amour pour l'homme, la nature même de son œuvre.

Marguerite Blais

Préface du catalogue de l'exposition « Fleurs d'artiste »